Reconnaissance et équité : Réflexion sur la condition des officiers
En juillet 2023, le HCECM (Haut Comité d’évaluation de la condition militaire) publiait pour la première fois un rapport cherchant à mettre en lumière la condition des officiers des armées. Soulignant les responsabilités qui incombent à cette catégorie, dans un contexte de développement de la haute intensité, il rappelle que l’officier est non seulement sujet à la disponibilité et à la mobilité mais doit faire face, lorsque les circonstances l’exigent, à la lourde responsabilité de donner les ordres d’engagement. Cette singularité au sein des serviteurs de l’Etat mérite une attention particulière dans le contexte international actuel.
A l’opposé des responsabilités croissantes, inhérentes à la progression en grade, la solde des officiers connaît un décrochage depuis plusieurs années, tant vis-à-vis de la population civile qu’au sein même de la communauté militaire. Si elle est similaire aux fonctionnaires de même catégorie en début de carrière, elle atteint des écarts de plus de 10% avec la fonction publique, à niveau d’emploi égal, en milieu et fin de carrière, et bien plus lorsque la comparaison est portée vers les cadres supérieurs de l’industrie et du commerce. Aujourd’hui, un capitaine de vaisseau célibataire qui commande une frégate de 1er rang est soldé aux environs de 4600€ net par mois primes incluses, et après impôts sur le revenu, quand le salaire des cadres à responsabilités équivalentes dans le civil est souvent à 5 chiffres. Sans arriver à ces extrêmes, puisque la motivation du métier des armes ne peut être que pécuniaire, il est nécessaire de mener une réflexion sur la solde des officiers afin de maintenir l’attractivité de la Marine au moment où les sirènes de l’industrie se font plus présentes.
Ces arguments militent, dans un contexte de réflexion budgétaire, pour poursuivre l’évolution des grilles indiciaires déjà mise en place sur les autres catégories de grades. Deux raisons supplémentaires à cela : tout d’abord éviter le tassement des soldes, un lieutenant de vaisseau est parfois aujourd’hui moins rémunéré qu’un major du fait des réévaluations indiciaires déjà effectives chez les OM/OMS. Également il est nécessaire de reconnaître la juste rémunération des officiers pour maintenir l’attractivité d’une carrière longue, dans un équilibre subtil, qui maintient l’aspect « vocation » du métier des armes, nécessaire à l’acceptation du sacrifice suprême.
Les jalons de la formation (ESCAN, EDG, CHEM) sont des amers pertinents de l’évolution de la solde. Il est important d’intégrer à l’indice de solde ces évolutions afin d’éviter les pertes de solde en seconde partie de carrière, où l’officier est loin des unités opérationnelles et donc des primes, alors qu’il est affecté à Paris, où le niveau de vie est plus élevé. Intégrer également cette réévaluation à la grille indiciaire permet de réévaluer la pension militaire dans une juste reconnaissance des services répondant aux vœux du Président le 19 janvier 2024 : « assurer une juste rémunération, sans décrochage. Militarité, attractivité, fidélisation doivent se combiner, car cela constitue la force de notre modèle.»